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Le stylo tordu
14 mars 2016

Le chocolat, c'est bon, mangez-en !

-" Il était une fois, une marchande de foie qui vendait du foie dans la ville de Foix..." J'avais laissé parler la vieille peau qui se présentait ce jour là à nous car elle me faisait de la peine. Elle avait fait quatre-vingt dix bornes pour passer le casting. On souhaitait trouver la perle rare, celle qui nous ferait vendre notre produit, celle ou celui d'ailleurs qui aurait la phrase la plus accrocheuse, la plus actuelle. C'était mal barré pour Petrelle Deluxe, son patronyme nous avait fait marrer au bureau, son physique ingrat aussi. Elle nous avait envoyé un email d'approche, criblé de fautes d'orthographe avec en pièce jointe une video d'elle, jeune, au club Med de Djerba occupée à prendre un cours de danse du ventre sur un tube de "Cheb Mami"sans même avoir pris le temps de retirer ses bas de contention à la sortie de l'avion. A défaut de charcuterie qu'elle affectionnait particulièrement, en France, Petrelle s'était goinfrée de Baklavas, de Makrouds et autres Cornes de gazelles dégoulinantes d'huile et de miel à peine arrivée en Tunisie. En regardant de plus près, il n'y avait pas que le ventre qui ondulait, tout son corps dodelinait d'avant en arrière, c'était "Orgasmique". Lorsque le DJ déguisé en clown avait changé son 45 tours pour passer un titre phare des années quatre-vingt celle-ci s'était arrêtée net le regard baveux et s'était jetée à terre, flasque comme un baleineau pour tenter d'attraper le cable du micro qui traînait sur la scène et le tirer à la force de ses bras jusqu'au fion dans la bouche pas dans la main. Le clown quelque peu désabusé en levant les yeux au ciel lui avait balancé l'air ébêté - "Te pète pas un bras quand même !". La sono jouait "CHAUD CACAO" d'Annie Cordy et notre Petrelle tentait tant bien que mal de chanter la bouche pleine - " si tu me donnes tes noix de coco, moi je te donne mes ananas". La plupart de l'équipe à qui je montrais cette video riait à gorge déployée et avait compris :- " Je suis folle du chocolat noir qui a une grosse bite " on a pas compris pourquoi. On a tous décidé après un court débriefing de lui accorder le bénéfice du doute et pour se marrer aussi j'avoue, d'accepter sa candidature en lui laissant carte blanche. La même journée, un peu plus tard est arrivé devant nous un adolescent fort déluré avec un look improbable, ses baskets compensées semblaient être à propulsion, sa mèche teintée en bleu à la Donald Trump lui donnait l'allure d'un canard Morillon en pleine remise en question. Ses abus de chocolat se remarquaient aux bubons qui ornaient son pif écorché à trop vouloir les vider. Ensemble on a tous pensé -" Oh des Milky Way !" Il n'était pas bien grand, à peine plus haut que Mimi Maty. Il portait sur le dos un perfecto de couleur "crème"qui paraissait être en cuir de béluga. A la réception de sa candidature, envoyée un mois auparavant et sur laquelle nous avions de grands espoirs, il nous vendait son personnage avec un texte complètement rocambolesque digne d'un film mélodramatique. Il nous racontait l'histoire de ses parents, enfants de paysans fainéants adeptes de la procrastination qui laissaient leur progéniture manger dés le plus jeune âge dans le caniveau. Il nous disait que se nourrir exclusivement d'excréments les meilleurs jours dans les litières des chats, c'est ce dont ils raffolaient. Malades et affaiblis Ils avaient été recueillis par des nobles du quartier car, abandonnés, ils erraient tous deux dans les rues amaigris. il nous confiait que leurs parents adoptifs n'étaient autre que les producteurs de la réclame d'un célèbre chocolat blanc, que ses géniteurs avaient vécu les meilleurs moments de leur vie au sein du delphinarium de Ploumenec, que les dauphins étaient devenus leurs meilleurs amis et bla-bla-bla.. Bref, il nous fit penser qu'il serait sans doute le meilleur pour manger du chocolat à la manière D'Haneke et qu'avec sa peau de Galak sur le dos ce serait plus crédible. C'est pour ça qu'on l'avait choisi.. Le problème qui s'est posé quand il a commencé à vouloir s'exprimer devant nous, c'est qu'il était muet, comme atteint d'une malédiction, pas un mot ne sortait de sa bouche. Alors on l'a vu sortir de son sac à dos un vieux magnétophone et avec des soubresauts presque électriques, on le vit appuyer sur le bouton "play" . Là, on eu droit à des déhanchés pareils à ceux de caniches sous amphétamines et quand finalement, le son nous parvint, on entendit toutes les phrases accrocheuses de la réclame publicitaire depuis son existence : "Maurice, t'as encore bouffé tous les chocos suisses, et la marmotte elle met le chocolat dans le papier allu, etc ... Honnêtement, on a pas était convaincu malgré ses danses furibondes, on a senti que la stérilisation aurait dû être de mise quand ses parents ont décidé de s'accoupler en fratrie au grand désespoir de la firme Nestlé.. La troisième à se présenter à nous ce jour là était une force de la nature, un étal de boucherie à elle seule, elle paraissait sortir du salon des arts ménagers, l'œil empli d'un excès de sébum dû à une surconsommation d'alcool. Elle ne pouvait nous être livrée après vingt heures, au vu de la cargaison à trimballer la moitié des transporteurs nous avait laissé tomber. Elle était blonde mais difforme, il y a souvent un bémol avec les blondes. "A bons reliefs fortes convives" qu'il disait l'autre, effectivement, on pas été déçu. Lorsque l'équipe réussi enfin à l'extirper du semi-remorque et la poser avec le transpalette sur la petite scène de la salle des associations, on cru rêver, "Jabba le Hutt" en personne, la Monica Belluci des limaces, la truie parmi les truie; celle qui suinte du pipi, celle qui malgré la picole a tout de même chopé la Pécole, celle qui chantait j'ai trop mangé de chocolat, je fais rien que des bêtises n'avait certainement jamais arrêter. Elle était là en personne devant nous. On s'est regardé tous dans le blanc des yeux en se disant que c'était quand même des conneries ce que nous avait dit un jour l'Italien au nez aquilin Franchini. Il nous rabâchait sans cesse que le magnésium présent dans le chocolat était bon pour la rate. En la regardant se mouvoir et en la reniflant ça sentait l'escroquerie. Quand elle se mit à nous parler, on cru tomber à la renverse. En effet son haleine de bulot avarié nous confirmait l'histoire de la rate. Après quelques toussotements plutôt discrets, elle se mit à tousser comme un chat en overdose de poils. On ne voulait pas savoir ce qu'elle s'était enfilé avant, on ne voulait pas.. Mais son foie, sa rate et tous ses boyaux confondus en avaient décidé autrement. Jailli de sa bouche craquelée et ornée d'une pâte blanche nacrée aux commissures, l'équivalent de cinq cent grammes de Ricotta. La Sabine Paturel qu'on connaissait auparavant avait sans aucun doute abusé du chocolat blanc.. Le casting fini, après s'être essuyé les giclées de bile et les grumeaux qu'on avait sur le visage, on a repensé à l'expression qui dit " La vie, c'est comme une boîte de chocolat, on sait jamais sur quoi ou en l'occurrence sur qui on va tomber ! "

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