La pistache.

Encore une journée pluvieuse avec trois gosses à la maison, il était temps de trouver l'activité adéquate à la météo qui ne l'était pas. Une amie me dit :" Viens à la pistache !" C'est ainsi qu'hier matin j'ai décidé de les embarquer dans ma petite automobile sous des trombes d'eau pour les mener à trente cinq bornes de la maison dans le havre de paix qu'est la piscine couverte de Chatellerault. Il fallait être drôlement motivée hier pour braver la tempête et aller s'exhiber les pelos pas épilés, la tronche décomposée et l' amertume d'avoir choisi la seconde semaine de vacances scolaires pour en poser au vu de sa météo on ne peut plus dégueulasse. Bref après s'être mises en tenue estivale, maillot sportif compressé sur peau craquelée et velue, pris notre douche chaude, nous étions parées à surveiller les bambins le cul posé dans le Jacouzzi central de la piscaille. Ça aurait pu être un moment paisible si toute la populasse environnante n'avait pas eu la même idée. J'aime déjà pas trop la piscine; c'est le paradis de la mycose, de la verrue plantaire, ça pue, ça pique les yeux, ça bousille la coloration, et avec toute cette marmaille excitée, ça défonce les tympans. Pendant que les gosses s'éclataient malgré tout en pataugeant dans la javel, nous pouvions à notre tour nous adonner à notre activité favorite : - Radasses à la pistache. Ça ressemble un peu à un nouveau parfum de glace mais ça n'en a que l'air. En effet l'art de la radasse est : -Observer , espionner et pour finir, se moquer discrètement sans se faire remarquer. Dans le bac à soupe où nous avons mijoté durant deux heures entières, nous en avons vu passer du "bon goût" . Il y avait Kevina et Chloé les deux jeunes pouffes, verni écaillé aux ongles maquillage coulant sur acné nasal pré-pubère en bikini flashy qui ricanaient comme des pintades prêtes à être inséminées. Il y avait Claudia, pas Claudia Schiffer mais bien Morena, jeune mère Portugaise qui réchauffait sa progéniture transie de froid au fessier recouvert d'une couche waterproof. Claudia avait tenté l'épilation des sourcils sans miroir et avait cru nécessaire d'agrémenter ses tacots d'un percing rose fluo. Sa barbe de trois jours venait embellir son joli minois édenté et le début de pilosité de son torse donnait à son maillot blanc une pièce, toute sa grandeur. Quand Maurice, Geneviève et leur petite fille Kimberley sont entrés dans la Mijoteuse en ébullition ça a été le coup de grâce. Maurice a enjambé les rebords en nous laissant apercevoir une de ses boules puantes moulée à la louche dans un slip de bain à l'élastique fatigué. Ça aurait été supportable si ses mollets, ses coudes et ses cuisses n'avaient pas été recouverts d'eczéma purulent. Kimberley la mini-pouffe gâtée s'amusait quant à elle à aspirer l'eau dans sa bouche et la recracher sur Mémé qui trouvait ça marrant. Ça aurait pu l'être en effet si je n'étais pas assise à côté de Mémé Geneviève et son maillot bikini jaune canari dégradé jusqu'au bleu turquoise collé sur un panier débordant de persil et dotée d'un balcon aussi large que le pont d'un cargo, cachant à peine les kilos de peaux d'oranges de tout une Orangeraie. C'est alors qu'on a vu débarquer à vive allure sur le côté, une grosse morue avec tout les atouts degueux compilés. Avant de lui observer l'arrière train, je savais pas que l'acné du cul existait, alors avant qu'elle n'enjambe le Jacuzzi elle aussi, nous sommes très vite sorties car ajoutées aux doses intempestives de chlore, ces visions apocalyptiques nous donnaient le regard baveux de lapins albinos atteints de mixomatause .. #DeuxHeuresAlaPistache